Debout de bonne heure, on constate assez vite que le soleil, bien que présent, a un peu de mal à se lever au-dessus du Pollfjellet, la montagne qui nous fait face et par-delà laquelle partaient les aurores boréales.
Debout de bonne heure, on constate assez vite que le soleil, bien que présent, a un peu de mal à se lever au-dessus du Pollfjellet, la montagne qui nous fait face et par-delà laquelle partaient les aurores boréales.
Le temps pour nous de prendre quelques photos, de profiter de la vue à couper le souffle sur les cascades gelées et de charger la voiture direction Lyngseidet. On quitte notre « House of Europa » et on se met en route vers le port.
En attendant le ferry, on passe faire un tour au REMA 1000, le supermarché de la ville. C’est intéressant de constater que ce type de lieu impersonnel est parfois le seul lien social, le seul lieu de rencontre des habitants d’un village. Après avoir acheté quelques bières et nous être faits prendre, par la vendeuse, pour des mineurs, on remonte vers le port (qui est à 50m) et en attendant le ferry on profite de la lumière matinale sur le port de Lyngseidet.
Voilà le ferry qui arrive au loin. Celui-ci est plus long, et nous emmène rejoindre la terre ferme du côté d’Olderdalen. C’est donc à nouveau parti pour le rituel du ferry, on attend, on paye, on se gare, on sort… Pour le coup on constate que celui-ci a de la bouteille et n’est pas en super état, en même temps ça lui donne un certain charme.
C’est parti pour une traversée d’une grosse demi-heure, l’occasion d’aller faire un tour à la cafeteria, et s’amuser des bidons de ketchup et de mayo accrochés au plafond et qui oscillent avec le courant.
Ce trajet, de jour, est surtout l’occasion de s’émerveiller devant les lumières et les reflets sur les fjords nous entourant. Comme les autres fois nous ne sommes pas beaucoup à bord. Les mêmes camionneurs fatigués, les mêmes familles qui attendent, certains lisent, d’autres boivent en regardant le paysage.
Du ferry on a un autre point de vue sur la beauté des paysages, sur ce soleil qui tente de percer la légère couche nuageuse, ou sur ce bateau de pêche assailli par une horde de mouettes à la recherche du moindre morceau de poiscaille à dévorer.
A la descente du ferry, le spectacle est au rendez-vous. La route contourne le fjord sur les deux versants. D’un côté, l’eau est glacée, pétrifiée. On s’arrête quelques minutes histoire de profiter du paysage et l’on ouvre grand nos oreilles pour entendre la glace craquer au gré du vent et des courants.
Hormis ce seul bruit, le silence est roi. Mais de l’autre côté étonnamment, le vent est plus soutenu, l’eau y est houleuse et la montagne plus abrupte nous obligeant à passer sous divers et longs tunnels.
La route défile sous un temps changeant, entre nuages chargés, pointe le soleil. Le chemin se fait sinueux épousant les déformations du relief. Le vent est de plus en fort, et de petites vagues viennent taper les berges.
Petit à petit, le soleil arrive à maintenir son avance sur les nuages et c’est bientôt l’heure du déjeuner alors nous mettons en recherche d’un coin sympa.
Et puis on arrive à Skibotn, petit village de pêcheurs où, charmés par l’endroit, on décide de s’arrêter. On sait qu’on est, depuis peu, en plein cœur du territoire same pour plusieurs raisons. Tout d’abord nous captons les radios sames, à savoir la radio norvégienne NRK Sami et plus tard sur la route sa cousine finnoise YLE Saame, mais aussi car les panneaux d’entrée et de sortie des villes sont désormais indiqués en trois langues : norvégien, finnois et same.
Le petit port de Skibotn est très mignon, plein de charme, mais battu par un vent qui se fait de plus en plus fort, la mer y est houleuse et déchaînée, tandis que l’on aperçoit la neige voler au-dessus des montagnes par gros paquets. Néanmoins, cette mer rend silencieuse la nature qui nous entoure, nous inspirant un profond respect pour celle-ci.
Au pied du port on aperçoit un séchoir à morue, vide, mais signe que nous sommes encore bien en Norvège.
Nous reprenons la route après être passés devant la petite église en bois blanc. Soudain la route se sépare et nous prenons à gauche direction Kilpisjärvi. Et là, petit à petit la typologie du paysage se métamorphose, les arbres deviennent de plus en plus petits, les montagnes se font plus basses et plus rondes. Et alors que la route monte doucement mais sûrement, les plaines se forment des deux côtés de la route.
Et soudain alors que nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de la frontière finlandaise, on fait face à un paysage qui nous laisse sans voix. Impossible de trouver un adjectif tant le spectacle est de toute beauté.
Une grande taïga s’étend à notre droite, d’un blanc immaculé, lisse, avec une neige vierge, seulement brisée par quelques traces d’animaux ou de quelques rares skis.
Au loin, dans un second plan, le soleil prend son temps pour se coucher derrière les montagnes. Nous restons là une bonne vingtaine de minutes, sans bouger, à écouter le silence, et à se prendre une de nos plus belles « claques » visuelles de ce voyage. Nous retrouvons les paysages finlandais que nous avons tant aimés, même la lumière semble être différente des paysages norvégiens.
Nous nous arrachons de ce spectacle saisissant, et toujours branchés sur YLE Saame on reprend la route, et les panneaux qui fleurissent nous font savoir que nous approchons de la frontière. A la frontière finno-norvégienne, nous ne croisons que des camions, majoritairement russes, en attente de passer les contrôles de la douane.
Sur le chemin qui nous mène à Kilpisjärvi, nous croisons un biblio-bus, une bibliothèque ambulante same, qui va de village en village pour amener un peu de lecture à la jeune population same. Passant à Kiruna, Muonio, Kautokeino, faisant fi des frontières terrestres qui ont tant posé des problèmes aux sames, pour accomplir sa mission culturelle. Nous prenons une petite pause au pied du mont Saana, montagne sacrée des Sames. On ne peut pas le nier cette montagne impose immédiatement le respect. Dominant de ses 1029 mètres le lac de Kilpisjärvi.
On prend possession de notre petit chalet et nous en profitons même pour déguster une bière norvégienne de Noël (oui la période est passée mais il faut bien vider les stocks des magasins), une Grans Julebrygg et décidons d’aller manger à l’un des seuls restaurants du coin.
Dehors le vent s’est levé, et commence à souffler de plus en plus fort, soulevant de grosses giclées de neige. A croire qu’à chaque fois qu’on mange dans un restaurant en Finlande, la tempête s’abat ! Nous avions eu la même chose à Luosto.
Qui dit Laponie et territoire Same, dit forcément, pour le menu, renne pour moi et saumon pour madame. Ce sera dont Soupe de renne, toast avec saumon et renne et ensuite un burger de renne et pour Cécile, saumon et œufs frits. Le tout accompagné d’une Sandels, bière finlandaise.
Alors que la tempête se lève et fait rage, juste pour le plaisir des sens, et pour l’adrénaline, on décide de reprendre la route pour quelques kilomètres et de retourner au-delà de la frontière face au paysage lunaire qu’on a tant apprécié quelques heures auparavant.
La route, dans les deux sens, se fait sous des bourrasques de neige assez violentes soulevant des monticules entiers de neige. Arrivés à notre point de vue, vu que le paysage est quasiment plat, c’est surréaliste.
Les rafales à 90 km/h sont impressionnantes, faisant soulever nos pieds. La neige nous cingle le visage, mais le peu qu’on voit de la vue éclairée par la lune, est de toute beauté. Un sentiment de fin du monde nous envahit.
Retour à la maison, on prend encore un peu le vent sur la terrasse de notre petit chalet, on rassemble nos notes de la journée, on regarde la carte une nouvelle fois. Demain direction Enontekiö pour notre plus longue étape.
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