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L’eau sous toutes ses formes à MacIntosh Brook

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Ce ne sont pas les coyotes qui nous réveillent mais bien les écureuils qui grimpent sur une branche juste au dessus du toit et se baladent même sur ce dernier. Nous sommes réveillés tôt, ce qui n’est pas plus mal vu ce que nous avons à faire dans la journée.

 

Rappelons que nous allons essayer de rester dans les lignes, et de sortir du Parc National avant les 16h fatidiques de notre permis.

 

Au départ de notre campground, se trouve une petite promenade qui longe le McIntosh Brook, pour nous amener jusqu’à une cascade. Après avoir profité de l’eau – que nous devons faire bouillir – et fait la vaisselle, nous attaquons donc le chemin au même moment ou un local revient de se promenade avec ses deux énormes chiens. Comme annoncé, et comme prévu, il pleut à verse, les arbres s’égouttent sur notre passage, et la pluie ne nous quittera pas de la journée, oh ça non, elle ne nous quittera pas.

La pluie et l’humidité ambiante ont le mérite de faire luire le tapis de feuilles d’érable qui parsèment le chemin de MacIntosh Brook. Le nom provient de celui d’une famille des premiers colons écossais arrivés de l’Île de Skye pour la grande majorité.

 

Les feuilles d’érable sont de toutes les couleurs, orange, dégradés du jaune clair au rouge intense, bordeaux, carmin, vermillon. Nous poussons jusqu’à la cascade de MacIntosh trempés jusqu’aux os. Nous faisons le retour par l’autre versant du ruisseau et revenons à notre point de départ après une petite promenade d’une demie heure à peine.

Il est encore tôt, le vent chasse les nuages les plus épais, et prenons la route pour quelques minutes pour nous arrêter à Lone Shieling. Un des descendants de MacIntosh offrit au Parc Nationaux en 1934, 100 acres de terre pour qu’on y construise la reconstitution d’une maison de berger dans le plus pur style écossais, afin de se remémorer et de pouvoir montrer aux générations futures comment vivaient leurs ancêtres venus de Skye. En 1936, le Parc National des Hautes-Terres-de-Cape-Breton fut créé afin de préserver les vallées de ces hautes terres.

 

Des panneaux explicatifs nous apprennent donc, qu’au début des années 1800, des Écossais quittèrent leur terre natale de l’Ile de Skye et débarquèrent ici à Cape Breton. Après s’être adonnés à la chasse et à la pêche, il défrichèrent la lisère de la forêt en vue de créer des terres cultivables.

Mr McIntosh a bien fait les choses puisque les terres qu’il a offert sont au milieu de la forêt de feuillus la mieux préservée et la plus ancienne de toute la région des Maritimes (New Brunswick, Prince Edward Island, Terre-Neuve, Labrador,…). On ne peut guère s’enfoncer dans la forêt et respectons les traces délimitées par le chemin. Ce qui ne semble pas être toujours respecté, puisque nous trouvons beaucoup de détritus sur tous les chemins que nous avons parcourus jusqu’alors. Nous en ramassons quelques uns, mais ne pouvons faire mieux que ça.

Cette Trail, bien que très courte est néanmoins vraiment agréable, la forêt gorgée d’humidité respire la chlorophylle, et les explications sur la végétation sont vraiment très très bien faites.

Nous voilà de nouveau sur le bitume de la Cabot Trail, un petit arrêt en haut d’un point de vue nous permet en plus d’apprécier la vue sur les South Mountains, de voir que le vent a considérablement forci et que les nuages encerclent les sommets.

Nous poussons jusqu’à Cape North, petite communauté qui nous oblige à faire un choix. Soit nous continuons la Cabot Trail et redescendons sur Ingonish, soit comme nous l’avions prévu au départ nous tentons d’aller voir Bay St. Lawrence et surtout Meat Cove, le point le plus au nord de toute la Nouvelle-Écosse. Me connaissant, moi qui aime les points les plus extrêmes des pays ou des régions, je ne peux passer à côté. Meat Cove, on en a rêvé, on voulait y dormir à ce camping posé au pied des falaises abruptes et face au Golf du Saint Laurent.

Sauf que voilà, nos amis campeurs de Grenoble rencontrés sur la route nous ont bien confirmé que le camping est fermé. Mais tant pis, nous voulons voir. Nous prenons donc cette petite route sans numéro, longeons Tenerife Mountains, plions sous les assauts du vent qui est clairement passé en mode tempête. Nous dépassons Aspy Bay et son anse dont le nom fût probablement donné par les pêcheurs basques venus attraper baleine et morue au cours des 4 siècles de leur présence.

 

Le sujet me passionne et j’ai fait quelques recherches en amont, lu des textes de chercheurs, des thèses d’archéologie, bien que la présence des basques soit confirmée à Cape Breton – on le sait en partie grâce à la toponymie et à quelques documents légaux de l’époque – cette île est à la traîne au niveau des fouilles archéologiques comparé à Terre-Neuve et au Labrador. Aspy, Aritchat, Barachois, et même le terme d’orignal, tout ces mots ou nom de ville sont issus du basque.

 

Nous passons donc Sugarloaf et sa plage non indiquée par un panneau, ou l’explorateur Jean Cabot débarqua, puis nous voilà rendus à la première extrémité, avec le village de Bay St. Lawrence. Vous dire que le vent souffle extrêmement fort serait encore trop faible pour vous décrire avec quelle puissance il nous fait chavirer. Je tente de sortir faire des photos, le long de l’anse de Deadmans Pond (sic), pour immortaliser cette sortie du chenal qui donne vers le grand vide.

Bien qu’ancré sur mes appuis, par deux fois je manque de me faire renverser par le vent et de finir dans l’eau glacée du chenal. Je fais mes photos à la va-vite, pas très rassuré, et remonte vite fait dans la voiture en prenant garde de tenir la porte, comme les rafales de vent islandaises me l’ont appris.

Nous revenons sur nos pas, et prenons à l’extrême ouest, direction Capstick. Capstick, trois maisons, un drapeau canadien déchiqueté par le vent, une cabane rouge de travers et c’est tout, l’endroit est désolé et augure que Meat Cove le sera plus encore.

Passé Capstick, la route se transforme en un mélange de sable, de boue et de gravier, les pentes sont abruptes, le 4×4 peine dans les montées, gîte dans les descentes. A notre gauche les falaises noires faites de lames de roches vomissent l’écume des vagues tempétueuses.

 

Je garde les mains bien accrochées sur le volant, essaye au mieux d’éviter les nids-de-poule, et amorce les derniers virages où la chaussée semble parfois avoir disparu. Nous voilà à Meat Cove, ses trois maisons et son camping. « The most northern community ». Le terme n’est pas usurpé. Nous grimpons jusqu’au terrain de camping que nous attendions tant. J’en profite pour passer un coup de bigot à mes parents car, une fois encore, je sais qu’il y a une webcam et qu’ils pourront voir que jusqu’alors nous avons survécu aux tempêtes canadiennes.

Je leur laisse le temps de faire une capture d’écran, et nous grignotons nos sandwichs sur le pouce face au paysage qui change du tout au tout avec la vitesse des nuages.

 

Nous faisons quelques photos, voyons à quel point ici, le lieu est désolé, perdu, isolé, sauvage et dangereux. Une table de pique-nique trône sur un rocher et pour s’y rendre il faut passer par un chemin d’une largeur d’à peine 20cm, avec 300m de vide de chaque côté.

 

Nous observons la faune sous l’œil intrigué d’une colonie de corbeaux, plissons des yeux sur l’océan en espérant, encore et toujours, apercevoir la silhouette d’une baleine, mais rien.

 

Nous sommes obligés de rebrousser chemin, rageons du mauvais temps qui nous empêche de faire tant de balades, de tenter d’aller voir encore plus loin, peut-être même jusqu’au phare de Cape St. Lawrence. Nous voyons bien d’où nous sommes la silhouette du Cape North le point le plus au nord de Cape Breton. Un coin encore sauvage qui abrite tout de même un phare au niveau de Money Point.

Juste après South Harbour, nous prenons la Coastal Loop. J’avais repéré à White Point, un ancien cimetière de marins inconnus. Dans ma mémoire c’était près de la mer, sur des rochers. Mais nous ne trouvons pas, et le vent rageant ne nous incite pas à développer nos recherches sur le littoral de Cape Breton. Je repars bredouille.

Nous avalons le reste de la Cabot Trail, toujours sous la pluie et toujours sous le vent. Nous savions en venant à cette période que c’était le risque, mais là c’est vraiment en mode tempête. Ce qui fait que nous sommes obligés de passer les nombreuses trails que propose le Parc National, sans même s’arrêter nous obligeant à tracer directement. Un petit goût amer flotte dans ma bouche.

 

Juste avant de sortir du Parc National des Highlands – avec 21 min retard sur notre laisser passer – nous faisons un dernier arrêt à Green Cove. 4 panneaux nous annoncent qu’il ne vaut mieux pas s’y aventurer par grand vent, car des lames de fond sont capables de monter sur la roche et de vous emporter. Nous avançons doucement, mesurant le danger à chaque pas que nous faisons. Nous, nous arrêtons à la limite pour observer les saignées roses de la roche, qui sont les marques très anciennes de magma en fusion qui a, depuis des millénaires, fait éclater la roche et a séché en son milieu.

Nous laissons derrière nous le Parc National, qui bien que n’étant pas inscrit au patrimoine de l’Unesco, figure parmi les 5 plus beaux Parc Nationaux du Canada.

 

La route depuis ce matin m’a beaucoup fatigué, m’obligeant à une extrême vigilance, à subir les assauts du vent, de la pluie constante et dense. Peut-être un peu de blues et un peu de fatigue tout simplement, mais je suis au bout de mon énergie.

 

Mais le temps lui, ne me laisse aucune merci, puisqu’en longeant la côte nous traversons une très épaisse masse de brouillard au niveau des bien nommés Smokey Mountains.

Nous donnons un dernier coup de boutoir et poussons jusqu’à Indian Brook, après avoir passé Breton Cove et French River. Nous avons repéré un camping encore ouvert, nous avons besoin de faire une lessive, et de reprendre un peu de forces.

 

Malheureusement – il faut toujours une déception par voyage – nous tombons dans un drôle d’endroit, un peu hippie où des yourtes sont posées au milieu d’un drôle de bric-a-brac. La nuit est extrêmement chère – 40$ l’emplacement de camping – nous sommes parqués au milieu d’un chemin à l’entrée du parking et en plein vent.

 

Je ne suis pas sûr que l’extrême fatigue prendra le pas sur la déception de cette journée. Nous sommes sur la deuxième partie du voyage, ayant dans la journée passé le fameux point qui annonce la descente et le retour.

 

Nous n’avons pour le moment aucune idée de la suite du chemin à prendre, et de comment aborder le Bras D’or Lake de Cape Breton, mais il paraît que la nuit porte conseil.

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