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De l’eau toute la journée et le repos à Bundrew

Ecosse-Map_day7

Ce fut une nuit reposante sous le vent, presque pas froide, mais la bruine qui tombe de cette purée de pois qui baigne les montagnes autour de nous est elle toujours bien présente.

 

Malgré tout la vue est assez mystique, une visibilité incertaine, des nuages qui s’accrochent aux montagnes comme un gamin aux jupes de sa mère. Des paysages propres à ces vallées de l’Écosse.

Aujourd’hui, nous traversons l’Ecosse d’ouest en est afin d’attaquer la descente en douceur vers Glasgow.

 

Nous remontons la petite route où nous avons dormi pour reprendre l’A835 direction Inverness. A peine en quelques kilomètres, nous avons une vision qui ne me réjouit pas vraiment.

 

Les rochers durs, les herbes sèches, brunes et orange, brûlées par le froid et le vent, viennent mourir pour se transformer en vert pâturage, typique de la Grande-Bretagne. Nous quittons donc ces paysages des Highlands que j’aime tant pour retrouver des paysages plus plats, qui me parlent moins…

 

On se faufile par les petites routes, où nous sommes bien souvent seuls, croisant quelques moutons, une cabine téléphonique rouge perdue dans le no man’s land.

Au détour d’une petite route, nous bifurquons sur la gauche empruntant de nouveau une route à une seule voie pour tomber sur un panneau indiquant une cascade : Achness Waterfall.

Un chemin un peu chaotique permet de s’enfoncer dans la forêt. Les pluies de ces derniers jours ont rendu le terrain extrêmement boueux. Les chaussures s’enfoncent de plusieurs centimètres dans une joyeuse mélodie de «floc» et de «sproutch».

 

Mais les couleurs automnales de ce petit coin de verdure font vite oublier le chemin pour y parvenir. Personne n’est venu dans le coin récemment. Du coup le sol est jonché de feuilles rouge et orange.

Un banc, esseulé, permet d’admirer le débit assourdissant des eaux boueuses de ces chutes.

On a un peu de mal à s’arracher du coin. Paisible, beau de par ses bosses recouvertes d’une épaisse couverture de mousse, et puis la végétation d’automne, le lichen, et autres semblent eux aussi se plaire du coin.

 

Sans parler des eaux tortueuses, réputées pour leurs saumons. Bref ces petites chutes d’Achness sont une belle surprise sur le chemin.

On reprend la route, avalant les kilomètres plus vite qu’on ne le pense. Arrivés sur l’autre rive de l’Écosse, on cherche à tout pris à reculer le moment où nous retrouverons le monde, les grandes villes.

 

Nous sommes bien au milieu de rien, alors on décortique la carte, cherchant la petite route tortueuse, la suivant du doigt pour voir où elle mène. On tombe alors sur la A839 qui à tout pour plaire.

Tellement insignifiante pour le touriste que la route n’est quasiment pas entretenue. Presque abandonnée l’hiver comme nous l’indique un panneau.

Cahoteuse, défoncée, vide, elle est parfaite. La première partie n’est pas transcendante mais une fois enfoncée à son tréfonds, elle se révèle. On s’y perd et elle nous perd.

Et puis soudain, le paysage s’ouvre, les fermes y sont abandonnées, les granges aussi. Cette route est presque fantomatique. Les arbres se parent d’un lichen tellement épais qu’on les croirait revêtus d’un manteau pour l’hiver.

Par malchance parfois et par oubli de bifurquer souvent, nous avons encore peu croisé de château. J’en repère un sur la carte : Skelbo Castle, paumé sur une péninsule, le loch d’un loch où vient mourir la mer : le Loch Fleet.

 

Encore une fois pas simple de se repérer, beaucoup de routes qui se croisent, sans nom. On fait donc tout au feeling. Et finalement, nous tombons devant cette ruine sans information, posé au pied du Loch Fleet, réserve de biodiversité.

 

Et des informations nous en trouverons au retour. Cette ruine du 14ème a vu passé le grand Robert The Bruce. Mais l’histoire ne s’arrête pas là car aujourd’hui elle appartient à un milliardaire russe, aujourd’hui décédé, qui en avait fait l’acquisition en partie pour en obtenir le titre de noblesse qui va avec.

 

Mais voilà Mikhail de Buar (sic), est décédé et l’héritage du château est ardemment disputé. Drôle de destinée.

La pluie s’est arrêtée sans que l’on s’en rende compte, c’est dire si l’on s’y est habitué.

Pour la première fois, nous mangeons la porte ouverte avec pour compagnon une mouette, appelée Ginette, que l’on teste à coups de bouts de pain, pour voir jusqu’où aura-t-elle le courage de s’approcher. La vue sur le loch nous donne aussi l’occasion d’apercevoir au loin quelques têtes de phoques émergées.

On reprend l’A9, pour seulement quelques kilomètres : on bifurque tout de suite à gauche pour prendre la rive sud du Dornoch Firth, sur une sorte de presqu’île avec au nord le Tarbat Ness, notre objectif.

 

La traversée de cette péninsule n’est pas réjouissante : champs, fermes qui semblent délaissées… Nous arrivons dans le petit port de Portmahomack. Calme paisible, pas forcément très animé. Cul de sac.

On tient absolument à aller au bout de cette péninsule, toujours attirés par les extrémités géographiques. Au bout Tarbat Ness. Pas d’indication, alors encore une fois, on fait appel au feeling. Route bizarre, personne, fermes vides, champs inondés.

 

On trouve enfin le phare de Tarbat Ness. Grand cylindre de brique de 1830, construit par «Mr Lighthouse», Robert Stevenson, le grand-père de Robert Louis Stevenson, l’auteur de l’île au trésor et de Dr Jekyll & Mr Hide.

Actif et habité jusqu’en 1985 : Tarbat Ness est maintenant automatisé, et les bâtiments qui se trouvent au pied ont été vendus. Il surplombe la baie de Moray Firth.

 

Au bout du parking, nous avançons vers la falaise, pour l’admirer : la côte est abrupte, composée majoritairement de granit rose. C’est un des beaux points de vue de cette journée. La solitude du lieu, le soleil qui tente de se coucher au dessus d’une mère déchainée. Tarbat Ness est un bel endroit.

 

Ah oui au fait, selon la légende, ce lieu aurait été un lieu de rencontre des sorcières…

Nous reprenons la B9165, jusqu’à Fearn, à peu près au milieu de la péninsule. Nous quittons le village au moment de la sortie des classes, et on tombe sur une petite route, sur un distributeur automatique d’œufs, ouvert donc 24h/24 !

Il y a 3 tailles d’œufs différentes, et en quantités différentes : on peut en acheter jusqu’à 30 d’un coup ! On peut aussi acheter un sachet de 5 kg composé d’un coq et de pommes de terre pour 3,50£ (moins de 5€). C’est con mais cette petite bicoque de bois nous scotche.

On continue notre route dans un paysage mignon et ensoleillé, mais sans grand intérêt.

 

Nous allons jusqu’à Nigg, car j’ai lu qu’un bac fait la traversée jusqu’à Cromarty, sur la presqu’île de Black Isle. Cela nous permettrait de gagner quelques 65 km de route et c’est le plus petit ferry du pays.

 

Mais arrivés aux abords de Nigg, on longe déjà une baie complètement industrialisée, composée de bâtiments d’exploitations pétrolières, complètement isolés, derrière un haut talus doublé d’une barrière, avec en plein milieu, une plateforme pétrolière, en pleine réparation ou maintenance, avant de, peut-être, repartir en Mer du Nord.

 

Puis nous arrivons tout au bout, au terminus du ferry..qui ne fonctionne pas d’octobre à avril. Je suis vraiment déçue, mais c’est comme ça, c’est donc reparti pour 65 km en sens inverse, sans possibilité de prendre une autre route.

C’est vendredi soir, l’A9 me fait penser à une autoroute en France, il y a énormément de monde. Tellement de monde qu’avant le pont qui enjambe Cromarty Firth, nous prenons la «Costal Way», pour échapper à la cohue et au flot de gens qui rentrent du boulot

 

Nous passons par des villages qui sont en fait la banlieue d’Inverness, un peu tristes, même si le soleil qui se couche au dessus des champs tente d’amener un peu de couleur.

Il nous accompagne jusqu’au camping de Bunchrew, qui donne sur le Beauly Firth, qui tire son nom du français «beau lieu», nom donné par des moines bourguignons au 6e siècle.

 

En face, Black Isle. A droite, les lumières nocturnes d’Inverness, et dans le van, les œufs de Tain : une partie pour ce soir en omelette, l’autre partie, durs, amélioreront les sandwiches de demain.

L’omelette (succulente !) s’avale avec l’aide d’une bière brune, la Black Isle, micro-brasserie de la région d’Inverness justement.

Dehors la nuit est sans nuage, mais avec une pleine lune accrochée dans le ciel. Première vraie nuit avec un ciel dégagé, alors on se rêve à espérer apercevoir des aurores mais rien, période calme.

 

N’empêche que ce ciel avec les lumières de la ville au fond a le mérite de valoir le coup, alors je profite, reculant le moment d’aller prendre la douche plus froide du séjour en raison de sanitaires vraiment mal foutus.

N’empêche que ça nous aura au moins réchauffé. Demain nous redescendons vers les rives du Loch Ness, pour se rapprocher de Glasgow.

3 Commentaires
  • Sophie
    Posted at 23:39h, 18 janvier Répondre

    Faut que vous fassiez un sujet sur les bancs esseulés, je suis archi fan 🙂

    • retourdumonde
      Posted at 18:59h, 19 janvier Répondre

      Je pensais en faire un petit projet Behance, ou alors il faudrait que je me creuse la tête pour en écrire un papier 😉

  • Vincent
    Posted at 22:47h, 08 février Répondre

    Super votre récit photo sur l’écosse, et j’adore la présentation par jour, c’est vraiment original, je n’avais vu ça sur aucun blog! Ça fait de beaux carnets de voyages!

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