Lucky Records, le temple du vinyle à Reykjavik

Lucky Records, le temple du vinyle à Reykjavik

On a tous une marotte en voyage, un truc que l’on répète, que l’on aime bien voir, que l’on aime bien fouiner, acheter, ramener, que ce soit sur le moment, ou juste avant de partir. Je vais vous avouer quelque chose. J’ai une maladie. Pas grave, ni handicapante, mais une maladie quand même. Je collectionne les vinyles, j’aime fouiner les bacs poussiéreux, glisser mes doigts sur les tranches, regarder les sillons. On appelle cette maladie le « crate digging ». Le creusement de boîte. Je suis un « creuseur », voilà ma « maladie ». Ne le répétez pas mais chaque destination, chaque ville, voyage n’est en fait qu’un vaste prétexte pour aller creuser, encore et encore dans les boîtes du monde entier. Bienvenue dans la série Planète Vinyle.

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Chaque ville a son disquaire, chaque disquaire a son ambiance, son stock, sa spécificité, son truc. Collectionner les vinyles est devenu pour moi une habitude, un plaisir, une passion. Je ne tomberai pas dans le cliché de dire que la musique me transporte, m’accompagne de la joie à la tristesse, du pur kiff à la mélancolie, et que sans elle je n’arriverais plus à avancer, que je me retrouverais en panne sèche, non je ne le dirais pas.

Avant de partir en Islande, j’avais fait un petit repérage, histoire de voir, si avant ou après notre road trip il n’y aurait pas, par hasard, dans une éventualité possible, un petit créneau pour aller flâner dans les bacs, dénicher un petit truc ou deux avant de reprendre l’avion. Plusieurs disquaires avait retenus mon attention, 12 Tónar (sacré « Shop of the year » par la ville de Reykjavik en 2006, rien que ça) et Lucky Records.

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Bon 12 Tónar, je n’ai aucune idée de ce à quoi il ressemble, par un manque de chance évidemment, ou par une bonne initiative de ma carte bleue, à chaque fois que nous sommes passés devant, nous avons manqué le créneau d’ouverture. Un mal pour un bien vous dirait mon banquier.

Et puis Lucky Records. C’est de mémoire le premier magasin dans lequel nous sommes rentrés à Reykjavik (après un petit passage chez le cochon rose de Bonus, histoire de casser la graine). J’ai fait un petit tour, un rapide repérage, j’ai séché le vendeur avec une demande précise (le vinyle ou le cd de Skytturnar, premier groupe de hip hop islandais à avoir enregistré fin 90), mais bon prince, je lui ai laissé le temps de notre road trip pour se renseigner.
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On est donc repassé une semaine plus tard, un dimanche – un pays où les disquaires sont ouverts le dimanche est forcément un très, très bon pays – dans ce petit paradis, cet oasis, ce temple du « crate digger ». Imaginez un espace de plusieurs centaines de mètres carrés, avec du cd, des dvd, des bacs de vinyles à ne plus savoir quoi en faire, des poutres en bétons graffées de citations musicales allant de Cypress Hill à John Lee Hooker en passant par Michael Jackson.

Au beau milieu de tout ça, quelques fauteuils au style purement scandinave posés ici et là, aux pieds des platines d’écoute. Un énorme fauteuil club, usé par le temps, râpé par les postérieurs des accompagnants du collectionneur – Cécile et Sophie merci de votre patience – et pour aider à passer l’attente, un jukebox (que l’on aperçoit à la fin de notre vidéo), la possibilité de prendre un café.
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J’ai passé une bonne grosse heure et demie à farfouiller dans les bacs, à déambuler dans les arrières salles, où les pochettes au format de 30x30cm n’en finissaient plus de s’amonceler, alignées dans les étagères. Je me sentais bien dans ce disquaire atypique d’où s’échappait une « vibes » à la Soul Kitchen, un truc un peu barré, un peu bordélique, mais tellement bien foutu.

Au bout de tout ce temps (trop court), je suis reparti sans mon cd de Skytturnar que je lutterais à prononcer, mais avec deux galettes sous le bras que j’étais sûr de pouvoir caser dans la valise, Sophie, elle, est repartie avec des cd piochés au pif, dont une compil de tubes pop islandais de 1993, qui à mon avis, fait encore vibrer la laine des moutons de Borgarnes à Blönduós. Bref c’était une bonne pioche.

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Je suis sorti de Lucky Records avec l’impression d’être passé à côté de la moitié du stock, avec l’envie d’avoir ce même disquaire, là, juste en bas de chez moi pour y être fourré pendant des heures, pour m’imprégner de l’ambiance, pour découvrir, pour écouter encore et encore. A ce jour, Lucky Records reste sans doute l’un de mes disquaires préférés parmi tous ceux dont j’ai pu pousser la porte.

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Rauðarárstígur 10 / 105 Reykjavík

Heures d’ouverture :
Lu-Ve : 09h/19h – Sa-Di : 11h/17h
www.luckyrecords.is

J’ai craqué pour :
Aretha Franklin – Spirit In The Dark

Atlantic – 1970 – SD8265 – US Pressing
Aretha Franklin – Don’t Play That Song

Brenda Lee – Emotions

Decca Records – 1961 – DL 4104 – US Pressing
Brenda Lee – I’m Learning About Love

11 Commentaires
  • Isa
    Posted at 10:10h, 02 juin Répondre

    Oooooh que j’approuve cette nouvelle série !!

    • retourdumonde
      Posted at 15:50h, 02 juin Répondre

      J’en étais sûr ! 😉 Ne reste plus qu’à ce que tu me prépare un « vinyl tour » à Lyon, histoire d’agrandir la collection !

  • Bakpok
    Posted at 10:44h, 02 juin Répondre

    Je te conseille fortement 12 Tónar pour une prochaine. La quantité de vinyles m’a semblé moins importante qu’à Lucky Records, mais c’est à voir. Il faut aussi discuter avec son proprio en costard, il a de forts bons conseils. Il est possible de s’installer pour prendre un café ou un thé et d’écouter certains vinyles et la plupart des CDs sur de petits postes. Hâte de voir la suite de la série William 🙂

    • retourdumonde
      Posted at 15:59h, 02 juin Répondre

      Faut vraiment que j’y retourne pour voir ça ! En effet de ce que j’avais pu voir à travers la vitre, il y avait beaucoup de CD. En farfouillant sur le net après être revenu d’Islande, j’étais tombé sur l’adresse d’un autre shop, qui s’appelle tout simplement Reykjavík Record Shop. Il va vraiment falloir y retourner ! 😉

  • argone
    Posted at 14:01h, 02 juin Répondre

    C’est un bel endroit ! mais bon, je ne suis pas fan des vinyles car j’ai connu cette époque et j’en ai plein le grenier, que je garde précieusement (pourquoi ? je me demande) et je préfère le numérique, idem pour la photo ! L’endroit a l’air désert, il y avait des clients ?

    • retourdumonde
      Posted at 16:48h, 02 juin Répondre

      Il est où ce grenier ? On peut voir ? (Je rigole hein, je suis malade mais quand même 😉 ) En effet il n’y avait pas grand monde, faut dire que c’était un dimanche et il devait être 20h passé. Moralité on était 4 dans le shop.

  • Sophie
    Posted at 21:37h, 04 juin Répondre

    Un excellent article (d’une prometteuse série!) pour un excellent souvenir, pour un excellent magasin !
    (même si j’y connais suffisamment rien pour acheter des CD au pif car la pochette et le livret de paroles sont marrants, tout à fait… 😉

    Vous revenez quand pour faire les 2 autres magasins ? 😉 Parce que rien que pour l’ambiance (et vous) je rempile !

    • retourdumonde
      Posted at 16:00h, 07 juin Répondre

      Oui en effet, d’excellents souvenirs. En effet, histoire d’être complet, il va falloir y retourner surtout après le retour de Justine sur 12 Tonar ! Bon, écoute prépare nous une cabine perdue dans les fjords pour le Nouvel An, et ira voir les autres disquaires 😉

  • Vanessa
    Posted at 22:42h, 15 juin Répondre

    Je découvre ton blog, coup de coeur pour sa simplicité, sa sérénité, ses jolies choses et sa capacité à faire rêver. Merci !

  • Flo
    Posted at 16:59h, 05 août Répondre

    Bonjour,

    Très bon article ! C’est quand le prochain vol ?

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