16 Juil Venise, quartier par quartier
Après vous avoir donné nos premières impressions sur Venise, et avoir mis en avant l’un des problèmes majeurs de cette ville, à savoir celui des Grandi Navi, il est temps de rentrer dans le vif du sujet, et de revenir sur les quelques quartiers que nous avons préférés lors de cette escapade. Au menu : du connu, du moins connu, du classique, de l’original, bref il y en aura pour tous les goûts, ou presque. Lacez vos chaussures, remplissez les bouteilles d’eau, c’est parti pour une déambulation dans Venise.
A deux pas du va-et-vient incessant de la gare, il est bon de commencer par s’aventurer dans les ruelles tranquilles qui mènent à ce quartier. C’est sans doute l’un des plus petits quartiers de la ville, et pourtant l’un des plus chargé d’histoire. Voici l’Isola di Ghetto.
Ce quartier juif est l’un des premiers ghettos (dans le sens où on l’entend aujourd’hui) de l’histoire de l’Occident. Le nom vient du verbe « gettare », qui signifie « couler du métal (l’arsenal et la fonderie de canon ne se trouvent pas très loin), et il fut petit à petit déformé par la prononciation des premiers juifs d’origine germanique.
A l’époque l’Isola di Ghetto était une île entourée de remparts d’où les habitants n’avaient pas le droit de sortir. C’est seulement en 1866 que l’accès au Ghetto fut autorisé. Ayant l’impossibilité de quitter l’île, les habitants de plus en plus nombreux durent construire des immeubles de plus en plus hauts, c’est pourquoi c’est l’endroit de Venise où vous croiserez les habitations les plus hautes.
A la manière d’un jeu de piste, au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’île, les détails nous indiquent que nous nous enfonçons bien dans le quartier juif. Ca commence par une table hébraïque gravée dans le mur d’une maison, ou bien une petite plaque à côté d’un pont, nommant le quartier.
Arrivé à Campo di Ghetto Nuovo, ça ne fait plus de doutes, nous sommes bien en plein milieu du quartier juif. Les anciens conversent au soleil sur une place ou le temps semble s’être arrêté et l’envie de se poser pour regarder ce petit monde vivre leur vie est plus forte que tout.
Mais on ne s’est pas arrêtés et on a continué notre chemin pour atterrir sur la Fondamente Nuove. Les quais extérieurs de Venise. Je n’irais pas jusqu’à dire que ce quartier est un « must-see », mais il intéressant car il permet de voir l’envers du décor. Les stations-services pour vaporetti, l’hôpital avec ses vaporetti jaune poussin signés d’une croix rouge.
Bref c’est tout le côté pratique et logistique de Venise. De plus, ici, face à l’immensité de la lagune, le vent un peu plus présent permet de venir rafraîchir le chaland qui commence doucement à tourner écrevisse.
C’est aussi un bon spot pour avoir apercevoir au loin, une île qui vous semblera boisée, entourée d’une enceinte et pourtant à l’allure délicieusement reposante. Pour le côté reposant vous marquez un point puisqu’il s’agit là de l’Isola San Michele, l’île cimetière de Venise.
Quand je vous disais qu’on était dans l’envers du décor…
Vous pouvez continuer sur la Fondamente Nuove ou bien vous perdre dans des ruelles qui vous mèneront parfois, voire souvent, sur des impasses de verdures, mais pour finir, quoi qu’il arrive vous arriverez à l’Arsenal.
Nous, c’est quand soudain nous sommes tombés sur une petite place vide, abandonnée au soleil que nous avons compris où nous étions. Face à nous un immense mur de brique n’arrivait même pas à nous fournir de l’ombre, mais pourtant il était impressionnant. Voilà donc l’enceinte de l’Arsenal.
Pour résumer brièvement, l’arsenal c’était le cœur de l’état vénitien, à la fois base maritime, entrepôt d’armes, site de réparation, mais aussi chantier naval. Quand on parle d’une ville d’eau comme Venise, vous comprenez l’importance du lieu. De chaque côté de l’entrée dite terrestre, se trouvent d’imposants lions grecs antiques ramenés par un certain Morosini d’une campagne au Péloponnèse. Imposant comme souvenir…
Ce qu’il y a d’agréable dans ce quartier, c’est qu’on entre ici dans un endroit peu fréquenté du touriste, et pourtant à quelques minutes de la Place Saint Marc. Ici c’est la Venise silencieuse qui est rendue à ses habitants.
Pour l’anecdote c’est l’une des deux seules « Piazza » (Place) que vous trouverez à Venise. Ici les « Piazza » sont remplacées par des « Campo » (Champs). Bref, que dire sur cette Place que vous ne lirez ailleurs ? Pas grand chose. C’est beau. Le Palais des Doges y est d’un rose saumon et blanc resplendissants, mais c’est noir de monde.
On se plait à imaginer ce que doit donner le lieu à 4 ou 5h du matin lorsqu’il est désert. On passe sous les ruelles ombragées de la Piazza San Marco, on admire le loufiat de l’institutionnel « Caffé Florian » qui attend le touriste qui acceptera de payer son café 10,80€.
On s’arrête tout de même le Campanile qui du haut de ses 96 mètres ne semblent pas plus dérangé que ça par le monde, ni par les pigeons et les mouettes qui prennent possession du moindre centimètre carré de réverbère.
Il est marrant de faire le tour complet de la place, en passant du côté de l’arrêt de Vaporetto, pour avoir une petite impression de Montmartre, avec son lot de portraitistes mélangés aux conducteurs de vaporetto qui tapent le carton en attendant la relève.
Bref la Piazza San Marco est assurément un must-see mais qu’égoïstement, on n’aimerait n’avoir que pour soi.
J’ai pour ma part beaucoup aimé cette place, qu’on a pu voir à plusieurs moments de la journée. Bien qu’elle soit située juste à côté du Ponte dell Academia, on y trouve un savant dosage entre vendeurs à la sauvette, véritables vénitiens, et touristes en vadrouille, bref un condensé de Venise, le tout sur une place agréable.
Le soir, délaissée par les touristes, il y règne une aura particulière, les gamins jouent au foot sur l’un des rare bout de place qui ne donnent pas sur un canal, les gens se posent autour de la statue de la Place. Le coin y est tellement apprécié que même les pigeons squattent sur cette statue.
Et si vous vous enfoncez dans les ruelles, vous trouverez de super petits restos à des prix abordables.
Continuons notre balade dans le quartier du Dorsoduro, et plus particulièrement à la pointe de l’île où trône la Basillica di Santa Maria della Salute qui fut érigée à la suite d’une épidémie de peste. Ce lieu est un mélange entre quartier historique et quartier arty. Peggy Guggenheim y a en effet sa fondation, tout comme l’industriel français François Pinault.
L’endroit est propice à la flânerie de galerie en galerie. Mais ce qui est agréable, c’est qu’au bout de la pointe de l’île, vous avez une vue magnifique sur le bassin Saint-Marc. On y aperçoit très bien la Piazza San Marco et l’île de San Giorgio Maggiore (ne faites pas attention à la femme enceinte violette démembrée et gonflable sur la photo, c’était une œuvre dans le cadre de la biennale d’art contemporain…).
Le vent venant de la mer y est rafraîchissant, la vue dégagée y est magnifique, enfin sauf si comme nous vous avez le yacht du fondateur de la banque HSBC qui vient gâcher la vue…
C’est sans doute le coin le plus original qu’on ai pu voir à Venise. On vous en a vaguement parlé dans notre premier article, parce que c’est « ze-place-to-be » pour le coucher de soleil. Disons que c’est à peu près pile poil dans ce canal là que se couche l’astre rayonnant. Au-delà de ça, c’est l’un des derniers squeri de Venise encore en activité (ou du moins je crois). Un squeri c’est un petit chantier naval dédié à la construction et à la réparation des gondoles à Venise.
Mais celui-là est atypique car, à deux doigts des palais d’inspiration byzantine, on tombe nez à nez sur des chalets alpins d’où débordent des géraniums aux balcons. Il semble que ce soit l’origine montagnarde des artisans, qui, voulant se sentir comme à la maison, ont décidé de reconstruire leur habitation comme ils avaient l’habitude de faire.
Retour dans le classique avec l’un des ponts les plus photographiés de Venise. Il faut avoir beaucoup beaucoup d’imagination pour faire fi du marasme touristique, des échoppes à babioles et autres pour prendre conscience de la beauté du bâtiment. D’un côté du pont, on voit très bien que le Grand Canal y exerce une courbe venant encercler ce quartier de Venise.
Au delà du fameux pont, si vous longez le Grand Canal vers le Nord, vous tomberez sur le Campo Erberia, une petite place super agréable où il fait bon se poser, mais ça on y reviendra plus tard. En continuant vous tomberez sur le marché aux poissons, et aux légumes. Bon pas de chance nous ne sommes jamais tombé dans le bon créneau horaire.
Mais les halles en pierre sont assez sympas, surtout lorsque l’on la regarde en détail et que l’on tombe sur une petite dalle gravée qui indique aux vendeurs la taille minimale à respecter pour chaque espèce de poisson.
Pour terminer et afin de remonter vers la gare, c’est par le quartier de Santa Croce que l’on vous conseille de passer. Pourquoi ? Parce que les rues y sont agréables. le quartier y est assez calme avant d’affronter le bruit des bus et des voitures de la Piazzale Roma.
Aussi bien le soir quand le soleil joue à cache-cache entre les canaux, ou dans la journée, ce quartier y est agréable. On y croise les touristes fraîchement débarqués de la gare prêts à partir à l’assaut de la ville, ou bien le contraire, les gens qui sont sur le retour avec un sourire jusqu’aux oreilles contents d’avoir découvert une des perles de l’Italie.
Vous voilà donc parés pour affronter Venise. Vous aurez compris qu’il faut avoir l’audace de se perdre dans les ruelles et les canaux de cette ville. C’est dans les très grandes lignes le chemin que nous avons fait et qui nous a paru le plus diversifié. Bien sûr ces lieux n’engagent que nous, et chaque voyageur partant à la découverte de cette ville, y viendra avec ses envies, son bagage culturel et personnel.
Qui plus est nous n’avons pas eu le temps de tout faire et certains quartiers nous ont échappés. Néanmoins, si vous n’avez aucune idée par où commencer la visite de Venise, ces quelques quartiers sont un bon début dans les choses à voir et à découvrir. Sur ce, vous pouvez délacer vos chaussures et commander un Spritz, la visite de Venise est terminée pour aujourd’hui.
Ciao !
Charly de Sourires Nomades
Posted at 15:54h, 16 juilletVraiment magnifique cette escapade à Venise ! Je le verrai bien dans le prochain MAG des Nomades 🙂 Vous êtes inscrits sur Sourires Nomades ? En tout cas, bravo pour les photos, avec ce beau ciel bleu, elles sont top !
Charly de Sourires Nomades Articles récents..Un Papa toujours souriant !
retourdumonde
Posted at 21:51h, 16 juilletMerci Charly !
Ce n’était pas encore fait (bien qu’il me semblait l’avoir fait cet été lorsqu’on avait mis en avant le calendrier des sourires dans notre sélection de Noël), mais c’est désormais chose réparé ! 😉
Charly de Sourires Nomades
Posted at 23:49h, 16 juilletCool, je viens de le voir. Pensez à bien tout remplir les champs ( photo, un ti mot sur vous, un citation, l’url de votre blog). Et surtout précisez le flux rss de votre site pour que je puisse intégrer un de vos billets dans un prochain numéro du Mag de Nomades : http://souriresnomades.fr/mag-des-nomades
Au plaisir de se croiser sur la route 😉
Charly de Sourires Nomades Articles récents..Un Papa toujours souriant !
Juliane
Posted at 11:31h, 19 aoûtRécit très complet et intuitif, tu nous as fait voyager et découvert ce magnifique coin de paradis. Les photos sont exceptionnellement bonnes.
Merci